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Collection Anniversaire 1823-2023

 

Château de Louÿe

 

Acquis en 1770 par Monsieur d’Arjuzon, le château de Louÿe domine encore fièrement la vallée de l’Eure. Il est dit parfois que les murs ont des oreilles. À n’en pas douter, ils ont une mémoire. Il suffit de pousser la porte du vestibule pour ressentir immédiatement que ce château a une âme, un cœur qui bat au diapason de ses propriétaires actuels, Jean-Ghislain et Eléonore Lepic.

 

Fiers et conscients de cet héritage, ils souhaitent l’inscrire pleinement dans le XXIe siècle, tout en le restaurant dans les règles des savoir-faire traditionnels. Il est aisé de trouver une heureuse correspondance entre cette demeure incarnée et la Maison Braquenié qui, à l’aube de fêter ses deux cents ans, n’a jamais été aussi vivante. 

Braquenié Revival, quand le patrimoine nourrit la création contemporaine.


Créée en 1823, Braquenié est célèbre pour ses cotonnades imprimées, ses soieries et ses tapis tissés main. La famille Frey s’en porte acquéreur en 1991 perpétuant l’esprit d’origine à travers des valeurs communes : tradition, savoir-faire, excellence. Le fonds patrimonial Pierre Frey réunit plus de 16 000 documents d’archives Braquenié, précieusement conservés, qui ont inspiré le Studio de la Maison.

 

A l’aube de son bicentenaire, Braquenié témoigne de l’intemporalité de son héritage et célèbre la quintessence du style français, mélange subtil d’influences étrangères et de créations nationales.

 

Proposant un riche dialogue entre tradition incarnée et relectures assumées, la collection ANNIVERSAIRE 1823 - 2023 se déploie autour de reproductions authentiques et de réinterprétations inspirées d’illustres documents, conservés au département archives de la Maison, ou dans les fonds patrimoniaux du château de Versailles, du musée des Arts Décoratifs de Paris ou encore du musée de la Toile de Jouy.
Extraits de leur housse de conservation comme tirés d’un long sommeil, certains dessins d’archives sont ici exploités pour la première fois. D’autres, emblématiques, s’affranchissent de leur coloration ou de leur technique d’origine et se réinventent de manière inédite.

 

Ce sont plusieurs pages de l’Histoire que donnent à relire les décors de cette collection. Époustouflants arbres de vie, sublimes indiennes, glorieux cachemires, fleurs et rivières éternelles, tapisseries plus qu’actuelles, les classiques se réinventent à l’infini. Un aujourd’hui écrit, en partie, en réinterprétant les codes de notre héritage comme autant de valeurs trans-générationnelles.

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Les plaisirs de la campagne

 

Le Hameau de la Reine, le jardin à l’anglaise du Petit Trianon à Rambouillet… Ces lieux imaginés par l’Homme parodient une nature domestiquée, sauvage ou généreuse. Ces constructions constituent les vestiges des réflexions philosophiques sur la nature de Jean-Jacques Rousseau.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, ses idées infusent les sciences et les beaux-arts qui s’emparent de ce sujet à des fins éducatives ou récréatives. Au fil des saisons, les natures mortes et les planches botaniques attestent d’une observation minutieuse de la flore alors que les fantaisies champêtres de Fragonard ou de Boucher exaltent une nature idéalisée, favorable aux scènes galantes et anecdotiques.

 

Cette nature recomposée inspire les manufactures d’arts décoratifs grâce à la publication de nombreux recueils de planches gravées, encyclopédies et dictionnaires dédiés à la botanique. Les murs et les fenêtres des maisons d’agrément se font l’écho de la campagne environnante, entre sous-bois enveloppants et parterres fleuris, estompant la frontière entre intérieur et extérieur.

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Les Indes galantes

 

Durant le siècle des Lumières, la connaissance du monde progresse, mais cette définition des Indes en démontre les lacunes. Ces contrées lointaines sont perçues comme des territoires aux mille richesses que les Européens s’empressent d’acquérir via les compagnies des Indes orientales hollandaise, anglaise, ou française. Fondée par Colbert en 1664, cette dernière importe toiles peintes, soieries chatoyantes, épices, parfums et fruits exotiques. Ces objets luxueux, rares, souvent futiles, traduisent des désirs d’ailleurs, d’aventures qui s’inscrivent dans un courant nommé exotisme.

 

Les récits de voyage, la littérature avec la traduction des Mille et une Nuits de Galland, Les Indes galantes, démontrent la ferveur pour cette tendance que l’on retrouve également dans la décoration. Boudoirs turcs et salons chinois font leur apparition, où se mêlent importations pittoresques et créations nationales fantasmées.  Cet exotisme offre à un public cultivé la possibilité d’être aux quatre coins du monde sans quitter Paris.

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Oberkampf, un entrepreneur avant-gardiste

 

Christophe-Philippe Oberkampf est à l’origine des célèbres toiles de Jouy qui constituent aujourd’hui encore un genre incontournable dans la décoration et la mode.
En 1760, il décide d’installer une manufacture de toiles imprimées à Jouy-en-Josas. Très vite, la manufacture se développe grâce au savoir-faire et aux qualités entrepreneuriales de son dirigeant, pour devenir un fleuron de l’industrie nationale. En 1783, l’établissement obtient le titre de manufacture royale, attestant de la qualité de sa production.

 

Oberkampf engage alors des dessinateurs qui créent des motifs floraux polychromes, gravés sur bois. Destinées principalement à la mode, ces impressions à la planche de bois composent la majorité de la production. A ceux-ci, s’ajoutent des commandes passées à des dessinateurs indépendants tels que Jean-Baptiste Huet ou Louis-Hippolyte Le Bas pour les plus belles toiles en camaïeux. Le succès de ces dernières fut tel, que le terme Toiles de Jouy décrit aujourd’hui toutes les toiles imprimées en camaïeux qu’elle que soit leur origine.

 

La proximité de Versailles favorisa également le développement de l’entreprise. Oberkampf n’hésita pas à préciser sur le chef de pièce de la manufacture « Jouy près Versailles » pour bénéficier du prestige du roi et de sa cour. Marie-Antoinette vint visiter la manufacture après le prodige rapporté à la cour selon lequel il aurait reproduit parfaitement le motif d’une robe de Perse déchirée.

 

Lorsque la manufacture ferma ses portes en 1843, Braquenié racheta le matériel et les documents imprimés, pour en perpétuer l’esprit.
Trois étoffes, rééditées aujourd’hui et imprimées de façon traditionnelle au cadre plat, retrouvent le chemin de Versailles. Les conservateurs du château ont choisi la Maison Braquenié, digne héritière d’Oberkampf, pour remeubler les petits appartements de la Reine.

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Histoire de mode

 

La mode est versatile, l’ameublement beaucoup moins. Pourtant, ces deux univers s’influencent mutuellement depuis longtemps. Avant le XIXe siècle, les mêmes qualités étaient employées indifféremment pour la mode et l’ameublement. Seule la taille du motif induisait son usage. Combien de toiles de Jouy destinées aux murs se sont également retrouvées sur les corps imaginés par les couturiers depuis le XVIIIe siècle ! 

 

Naturel donc pour Braquenié d’ouvrir la garde-robe de son département patrimoine pour reproduire, adapter des étoffes destinées au départ à vêtir les corps. L’occasion également de passer en revue les tendances vestimentaires du passé : Une silhouette ne saurait être complète sans les accessoires, comme les chaussures, les châles ou les mezzari. On doit à l’impératrice Joséphine d’avoir lancé la mode des châles cachemires en France au début du XIXe siècle. Les mezzari, qu’on imagine au premier abord utilisés en tenture, recouvraient la tête et le buste des charmantes Italiennes. Se jouer des codes, des genres, oser, surprendre, tel fut l’esprit du studio au moment de penser cette collection, tout comme les fashionistas d’hier et d’aujourd’hui.