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LOUIS BARTHELEMY POUR PIERRE FREY

 

A la demande du studio de création de la Maison Pierre Frey, l'artiste et dessinateur Louis Barthélemy a imaginé une véritable fresque contemporaine célébrant le Nil et la vie foisonnante qui existe le long du fleuve. 
Partageant son temps entre le Caire et Paris, cet amoureux inconditionnel de l'Egypte nous fait part de ses inspirations et de son processus créatif. 
 

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Vous êtes un inconditionnel de l’Égypte, comment le lien avec ce pays s’est-il établi ? 

 

J’ai découvert l’Égypte il y a cinq ans au cours d’un voyage touristique initialement prévu pour deux semaines. J’y ai fait une rencontre exceptionnelle qui m’y a retenu et les deux semaines se sont prolongées en un mois, puis quelques années… J’ai ensuite rencontré des artisans et ai été émerveillé par leur travail. L’Égypte est un pays envoûtant et fascinant qui ne cesse de me surprendre. J’adore aussi me perdre au Caire qui est une ville immense. J’aime me balader, errer et me laisser porter par la frénésie de la ville. D’une certaine manière, je m’y sens un peu chez moi.

 

L’Égypte est-elle votre unique source d’inspiration ? Votre culture française vous influence-t-elle dans votre processus créatif ? 

 

J’adore la dualité entre l’Orient et l’Occident, l’Égypte et Paris. Paris est une ville où j’ai mes amis, des clients. C’est ma culture, elle m’apaise. J’y ai aussi des références, des points de repères qui m’inspirent et me permettent d’avancer. Mais parfois, pour créer, j’ai besoin de désordre. L’ordre institutionnel qui peut être léger en France, m’asphyxie et j’adore, finalement, m’évader dans le chaos du Caire et de l’Égypte en général. Il y a quelque chose de très libérateur qui vient aussi du fait que, ne connaissant personne, livré à moi-même, j’y suis plus ouvert aux rencontres, à l’altérité, à la découverte. L’ailleurs m’a permis de me trouver, de sortir de ma zone de confort, d’exprimer un langage plus singulier moins influencé par l’univers dans lequel j’évoluais à Paris.

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Comment avez-vous collaboré avec l’équipe Pierre Frey ?

 

Lorsque j’ai rencontré le studio Pierre Frey, l’idée était de développer une histoire autour de l’Égypte. Je me suis plongé dans de vieux ouvrages, dans la visite de musées, de collections antiques. Je voulais retranscrire la vitalité des fresques de l’époque de manière contemporaine, presque pop. Cela a été une création inédite et exclusive. J’ai commencé a dessiner pour Pierre Frey en Égypte dans une oasis berbère, entouré de palmiers et d’une végétation impressionnante. La contemplation de la nature m’a beaucoup influencé dans l’élaboration de mes dessins.
Le dessin initial réalisé pour Pierre Frey est FAUNE ET FLORE qui a été décliné en papier peint et en broderie. Les stylistes m’ont suggéré de dessiner un second motif inspiré de la partie inférieure du panoramique, des zigzags représentant le Nil. Je trouvais ce graphisme intemporel et moderne, nous avons donc développé un papier peint représentant des vagues géométriques dans lesquelles évoluent nénuphars et poissons dans des couleurs acidulées.

 

Quelles symboliques avez-vous souhaité représenter dans vos dessins pour Pierre Frey ?

 

A travers mes dessins pour Pierre Frey je voulais célébrer le Nil, vecteur d’eau, source d’énergie et fleuve nourricier depuis la nuit des temps. Je voulais retranscrire, à ma façon, le mouvement, la vitalité, la vie foisonnante qui existe le long du fleuve, sur les berges et dans l’eau.

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Comment travaillez-vous ? Quels sont vos outils de prédilection pour créer vos dessins ? Avez-vous une préférence entre les outils digitaux et les outils de dessin traditionnels ?

 

Je travaille de manière itinérante. Tout commence par une phase de recherche et de conceptualisation. J’aime rassembler diverses références visuelles afin de m’en nourrir. Le dessin est toujours le point de départ du projet. D’abord au crayon ou feutre noir sur la feuille blanche, je crée les contours de ce qui deviendra un papier peint ou un tissu. Par la suite, je finalise le dessin à l’ordinateur pour l’adapter aux moyens de production actuels et conserver sa qualité une fois qu’il sera considérablement agrandi et imprimé sur plusieurs mètres.
Le travail à la main, indispensable, retranscrit, de manière pure, l’essence même de la créativité. La technologie nous accompagne pour aboutir à un projet et le commercialiser sous sa meilleure forme. A mon avis, les deux exercices sont indissociables l’un de l’autre.

 

Les couleurs des tissus, papiers peints et du panoramique sont-elles celle que vous avez créées à l’origine ?

 

Oui absolument.
Les coloris entrés en collection sont une sélection de ceux que j’avais initialement réalisés pour le studio de création. Au-delà du dessin et du travail graphique que nécessite la composition, je considère la colorisation comme une étape très importante. Les couleurs traduisent une émotion et créent des ambiances radicalement différentes quelle que soit la base du dessin. Je propose toujours plusieurs suggestions de couleurs, nocturnes, joyeuses, délicates… Mais pour le choix final, j’ai laissé libre arbitre au studio Pierre Frey qui a une vision plus globale de la collection et de l’ensemble du projet.

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Quel a été votre ressenti lorsque vous avez découvert vos produits pour la première fois ? 

 

Quand j’ai remis les dessins au studio Pierre Frey, j’ai pu suivre à distance l’évolution du développement et notamment celui de la broderie qui me semblait très complexe. En voyant le produit fini, j’ai été émerveillé par la dextérité du travail et le rendu final.
Mais plus encore, j’adore le papier peint panoramique, son échelle, le mariage des couleurs et la joie de vivre qui en émane. Je n’ai vu aucun échantillon intermédiaire de papiers peints. Je ne devinais pas du tout à travers nos échanges photos, l’armature du papier, la finition irisée presque métallique de la toile. Cette interprétation est particulièrement intéressante à mes yeux. Elle évoque la retranscription contemporaine d’un papyrus : Un néo-papyrus !

 

Y-a-t-il un message que vous souhaitez faire passer à travers vos créations ? 

 

A travers la création, je souhaite avant tout célébrer un dialogue interculturel. Selon moi, il est très important de s’ouvrir à l’autre, à l’altérité et de ne pas se replier sur soi, sur l’idée de nation et d’identité statiques et figées. C’est pour cela que l’Égypte antique m’inspire car il s’agit d’un héritage égyptien, d’un héritage africain mais avant tout d’un héritage universel qui nous appartient à tous. C’est cette idée de lecture continue qui me semble importante aujourd’hui et que j’essaye de transmettre à travers mes créations.